proposition du 10 juin 2005 :
Pour la semaine à venir je vous propose un
Je me souviens
A la Perec mais version science-fictionnesque, c'est-à-dire avec des
souvenirs du futur : je me souviens de quand je serai grand, de
demain
- « Messieurs, bonjour. La réunion à laquelle vous êtes conviés
est, comment dirais-je, « spéciale ». Ouvrez votre
documentation, lisez-là, je répondrai à vos questions quand chacun
aura terminé sa lecture. »
Que cette réunion fut spéciale, nul n'en aurait douté. Pensez, CIA et
FBI, DGSE et DGST, MI5 et MI6, sans compter ni les services secrets
chinois ni les services secrets japonnais. Ce n'est que lorsque le
dernier « invité » a déposé les écouteurs utilisés pour la
traduction simultanée que chaque « invité » a sorti sa clef
et ouvert le cadenas qui tenait solidement fermé le dossier marqué
« Top secret ». Et chacun a lu.
La DGST a été prévenue de la présence d'un inconnu à l'hôpital de
Mantes-la-Jolie. Ce n'est pas qu'il soit inconnu qui a poussé la
direction de l'hôpital a prévenir la DGST, mais la façon dont cet
homme est arrivé à l'hôpital.
Arrivé ou apparu ? Impossible de trancher ! Et puis les
papiers d'entrée.
Bon, j'ai du rater quelque chose ! Reprenons la lecture depuis le
début. Et cette fois, regarder les dates inscrites, puisqu'elles ont
l'air d'avoir leur importance.
« Monsieur Charles Barbès a été trouvé dans un lit du service de
pneumologie le 12 avril 2080. Aucune des infirmières présentes dans le
service ne connait ce monsieur. Aucune. Pourtant l'homme semble les
connaître toutes. Leurs noms, leurs prénoms, leurs habitudes. Et leurs
collègues. Celles qui ne sont pas présentes et qui, donc, n'ont pas
encore pu croiser cet homme. »
Charles Barbès. Ce nom me dit quelque chose. Mais quoi ? Pour
l'instant, je ne trouve pas. 2080 ! Ils auraient pu nous inviter
plus tôt à cette réunion ! Un dossier ouvert il y a 84 ans !
Oui, cette réunion est à tout le moins spéciale. Je lève la tête et
regarde autour de moi. Les autres font de même. Ils doivent, eux
aussi, avoir repris leur lecture au début. Ils doivent, comme moi, se
demander pourquoi ce dossier qui date de Mathusalem. Il y a, réunis
dans le même salle et au même moment, des représentants des services
secrets des Etats Unis d'Amérique du Nord, de la Federacion d'America
del Sul, de la Chine, du Japon et de la Fédération des Pays d'Europe,
plus les engliches. Ne manquent que les service Océaniens.
Charles Barbès. Prix Nobel de médecine en 2102. Grâce à cet homme,
Alzheimer peut être guéri. Voilà pourquoi ce nom me disait quelque
chose. Ca ne peut pas être le même.
Simple coïncidence.
Bon, le dossier d'hôpital.
« Date de sortie du bonhomme : 12 avril 2080. Raison :
décès, cancer pulmonaire. Date d'entré : 26 avril 2080. »
Il doit y avoir une erreur. Mort deux semaines avant son
arrivée !
« Détails surprenants, M.Barbès est arrivé à l'hôpital en
ambulance, la mutuelle de ce monsieur a payé les frais de transport le
23 avril, soit 3 jours avant qu'ils soient nécessaires ; une
recherche approfondie a permis de trouver trace du payement des frais
d'hôpitaux par cette même mutuelle le 20 octobre 2079, 6 mois avant
son 'entrée ».
Date de naissance, où est cette foutue date ? 2 avril 2164 !
- Mais c'est demain !
- Yes, indeed, it's tomorrow. »
Cette fois, je regarde celui qui nous reçoit.
- « For an april fool it's a good joke ! Mon cher monsieur,
nous inviter à une réunion qui se résume à un poisson d'avril est une
plaisanterie qui… »
L'homme m'interromp.
- « Il ne s'agit pas d'un poisson d'avril. Loin de vous cette
idée. Mais comme je vois que vous n'êtes pas seul à le penser, je vais
vous raconter l'histoire. Je suis mauvais conteur, je m'en excuse
d'avance. Arrêtez-moi quand cela vous semble nécessaire. »
« L'hôpital de Mantes-la-Jolie a signalé le cas Barbès à la DGST
en mai 80, 2080 s'entend. Cet homme est apparu, le mot n'est pas trop
fort, le 12 avril. Comme personne ne semblait s'être occupé de lui,
les infirmières de service ce jour-là ont cherché à savoir qui a
rempli le dossier d'entrée du patient. Première surprise, vous l'avez
lu vous aussi, la date d'entrée est de quinze jours postérieure.
Deuxième surprise, l'homme est en ordre de payements. Il ne doit rien
à personne. Si le douze, il était au plus mal, le lendemain il allait
mieux. Les médecins ont arrêté la morphine cinq jours après son
entrée. Il a souffert une demi journée avant de voir son état
s'améliorer. Le vingt-six à midi, il a disparu. L'époux d'une
infirmière d'un autre service est policier. Quand sa femme a appris
cette histoire, elle a annoncé qu'elle en parlerait à son mari. Bref,
pour éviter le ridicule, et bien que l'hôpital n'ait rien, absolument
rien à reprocher à M.Barbès, la direction a signalé ce cas étrange,
c'est le moins que l'on puisse dire, à nos services. Inutile de
demander à l'agent qui s'est chargé du dossier de venir vous expliquer
quoi que ce soit : il est décédé il y a belle lurette.
Le service a, à l'époque, cru à une blague. Si les temps changent les
réactions restent. Vous savez comme moi que si quelqu'un vous
annoncait que le pape Jean est une femme déguisée, vous ferez tout
pour vérifier : c'est votre boulot. Ici, malgré l'impossibilité
de ce qui est rapporté, la DGST a fait son boulot : le service a
vérifié...
Charles Barbès a été enterré le 8 avril 2080, le permis d'inhumer est
daté du 12 avril à 6:30, heure estimée du décès, 8:00. La tombe n'a
pas ete trouvée. Par contre des photos du monument existent bel et
bien. En voici quelques unes. »
A l'écran, 4 photos. Prises à 4 dates différentes. La première est
datée de 2007. Un monument en ruine. Visiblement pas entretenu. La
dernière porte la date du 25 mars 2080. La pierre tombale vient d'être
installée :
Charles Barbès
M-l-J
2-4-64
M-l-J
12-4-80
« Je me souviens
de demain »
« Oubliez votre idée de poisson d'avril. Remarquez l'ordre des
dates : à l'endroit, la date de naissance avant la date de décès.
Mais sans le siècle… Non, ces images ne sont pas truquées : les
dates sur les photos sont correctes. L'état de la tombe est fonction
de l'âge de la photo, ce devrait être l'inverse. Trouvez-vous normal
d'avoir des photos de cette tombe ? alors même qu'elle n'existe
pas ? Qui a pris ces clichés ? A la demande de
qui ? »
Devant notre silence, l'homme tapotte son dossier électronique, une
nouvelle image arrive à l'écran, sort un mouchoir de sa poche,
s'éponge le front, visiblement ému, avant de s'asseoir. Je lis que
Jacques Santer agent de la DGST a fait ces demandes. Le 1er avril
2164. Aujourd'hui, à 15:06.
« Messieurs, » un temps, « j'ai manqué à mon devoir le
plus élémentaire. » Une hésitation, une franche hésitation.
« Je me présente : Jacque Santer. » A nouveau un temps.
« La signature que vous voyez à l'écran est bien la
mienne. »
S'il nous avait dit « demain je tue le président », il
aurait eu moins d'effets.
- « Monsieur Santer, si je comprends bien, vous êtes en train de
nous dire que le temps dans lequel vit Charles Barbès va dans le sens
inverse du nôtre. C'est bien ça ?
- Exactement.
- Sur la pierre tombale on trouve la phrase « Je me souviens de
demain ». Il se souvenait vraiment du lendemain ?
- Bonne question. Mais à laquelle il est difficile de répondre…
- Vous voulez dire qu'il n'a jamais gagné au tiercé ou à
l'Euro-lottto ?
- C'est justement là qu'est le problème. Avant de vous répondre, une
question : quel est le tirage d'hier ? Je vois à votre
visage que vous ne savez pas ce qui est sorti. Ce jeu ne vous
intéresse pas, ou vous n'avez pas suivi le tirage, ou que sais-je
encore. Charles Barbès n'a jamais eu de problèmes d'argent, il fait
partie de ces gens que l'Euro-lottto et les autres jeux laissent
froid. Ou plutôt laissaient froid.
- Qu'est-ce à dire ?
- Le service a enquêté sur Charles Barbès depuis 2080. Il n'a pas
fallu longtemps pour comprendre que cet homme vivait à l'envers. Vous
comprenez bien, c'est humain, un agent lui a posé la question du
résultat du lottto. D'après le dossier, c'est en 2091. Il n'a pas eu
d'autre réponse que « non ». Mais, dans la liste des gros
gagnants on trouve Charles Barbès. En 2090 !… Parce qu'on lui a
posé la question, il s'y est intéressé et a joué. Par une question,
une simple question, le service a modifié le « futur » de
Charles Barbès…
- Voila qui explique que Barbès n'ai jamais eu de problème d'argent.
- Sans doute, bien que personne n'y ai pensé jusqu'à présent.
- Et le service n'a jamais essayé de modifier le « passé »
de Barbès ? Notre futur.
- Si.
- Et ça a fonctionné ?
- Je vous ai dit qu'il nous est difficile de dire si Barbès se
souvient vraiment du lendemain. Malgré cela, le service est convaincu
d'avoir modifié notre futur. »
Décidément, Jacques Santer nous raconte n'importe quoi. Heureusement
que nous sommes le premier avril, sans quoi. Modifier le futur est
impossible. Si vous allez d'un point A vers un point B, vous pouvez
admirer un paysage. Quel que soit le chemin parcouru, vous n'en
admirerez qu'un. Si on modifie le futur, vous prenez un autre chemin,
mais vous ne savez pas dire que le paysage a changé… puisque vous ne
connaissez pas l'autre.
- « Monsieur Santer, qu'est-ce qui fait que le service en soit
« convaincu ?
- Alzheimer, monsieur. Alzheimer. Terrible maladie qui vient, qui
venait, avec l'âge. Grâce à la médecine, la durée de la vie s'est
allongée de plusieurs dizaines d'années. Alzheimer est devenue une
maladie courante. Courante et coûteuse. C'est en 95-96 que le service
a eu une biographie presque complète de Barbès : un médecin qui a
voué sa vie entière à la recherche. Ce qui est étrange dans cette
biographie c'est qu'en 93, la mère du Pacha est décédée des suites
d'Alzheimer, et c'est à partir de ce moment qu'on trouve des traces
d'une biographie de Barbès : avant cette date, il n'existe aucun
écrit disant de quoi vit Barbès. Rien. Si on a changé son
« passé », son « futur », et donc sa biographie,
est modifié.
Et, parce que le service a fait de lui un médecin, il a voué sa vie à
la médecine ! CQFD »
Jacques Santer, ce salopard a une idée derrière la tête. Sinon,
pourquoi inviter des agents de services « concurrents »
aujourd'hui pour cette affaire ? C'est le
« aujourd'hui », veille de demain, jour de naissance de
Barbès, qui me donne la réponse : il est convaincu, enfin, à
certaines réactions émotionnelles qu'il a eu, il ne l'est pas à mille
pourcents, il est convaincu que demain nous aurons tous tout oublié.
Puisque le temps semble s'être inversé pour Charles Barbès, puisque
même les écrits ont suivi la vie de Charles Barbès, puisque Charles
Barbès a pu voir sa vie manipulée par la DGST, puisque, puisque…
- « Monsieur ? Vous nous avez accueilli en disant que cette
réunion était un peu « spéciale », vous nous avez raconté
une histoire extraordinaire pour ne pas dire incroyable. Pouvez-vous
nous dire ce que vous attendez de nous ? »
Santer se redresse de tout le long de son mètre soixante. Pour peu, on
entendrait ses petites cellules grises s'agiter sous son crâne d'oeuf.
- « Disons que, maintenant que vous connaissez l'histoire de
Charles Barbès, j'aimerais connaître vos sentiments à ce sujet.
Comprenez-moi : cet homme a vécu à l'envers, nous ne savons pas
pourquoi, ni même vraiment comment… D'après vous, que va-t-il se
passer demain ? Ou hier… car j'aimerais que vous me fassiez
rapport après-demain. Demain, vous vous vous renseignez, vous
réfléchissez, après-demain vous notez, on se revoit dans 3 jours.
- Je dois passer à Mantes-la-Jolie pour des raisons personnelles,
- Personnelles ?
- Oui, Monsieur, personnelles, je profiterai de l'occasion pour
effectuer quelques vérifications pour vous. Christine Malèvre, vous
connaissez ?
- Non, vraiment pas. Je devrais ? »
Je sors mon agenda sur lequel, à la date du 3 avril, après-demain,
11:00, il est noté :
« Hôpital Mantes-la-Jolie / Christine Malèvre »
J'y ajoute :
« vérifier : Jacques Santer »
Maintenant, impossible d'oublier !
- « Dernière question : à quelle heure naîtra
Charles Barbès ?
- 15:00 »
- « Pourquoi ne m'accompagneriez-vous pas ? »
La réunion est terminée. Personne n'a cru à cette histoire. Le hazard
fait que je me retrouve seul avec Santer dans l'ascenceur.
- « À l'hôpital ? »
La dame qui est à l'accueil est toute jeune, quarante - quarante-cinq
ans, ce doit être son premier emploi. A voir le temps qui lui est
nécessaire pour l'encodage, c'est son premier emploi. Alors que nous
attendons notre tour, Santer me montre l'ordre de mission daté
d'aujourd'hui et signé de sa main qu'il met dans une enveloppe.
- « Bonjour mademoiselle. Une amie devrait accoucher aujourd'hui
ou demain, et j'aimerais que vous lui fassiez parvenir ce courrier.
- Si c'est pour une patiente... », elle ouvre l'enveloppe, et,
avant que Santer ait eu le temps de réagir, sort le papier qu'elle
contient, « je dois scanner le document. »
Moins d'une seconde plus tard, le précieux papier sort de la machine,
un cachet lui a été apposé automatiquement : l'heure.
15:06.
- À quelle heure dites-vous qu'elle devrait accoucher ? »
Je regarde machinalement ma montre :
- « Je parierais bien sur 15:00 demain. »
Sur le trottoir, j'arrête Santer.
- « Puis-je me permettre ? » je n'attends pas la
réponse « Barbès est suivi, surveillé par la DGST depuis 80.
C'est un mécanicien pensionné…
- Mécanicien ?
- Mécanicien ou jardinier ou peut importe quoi. En 90 il gagne au
lottto de quoi finir sa vie à l'aise. Ce qui pour lui veut dire faire
les études qu'il veut. En 93 le mère du Pacha décède, en 95 - 96 on
lui parle d'Alzheimer. Grâce à l'argent du lottto, il paye ses études
de médecine et s'offre un labo et un prix Nobel de médecine. On peut
penser que pendant, ou avant, ses trente-cinq ans d'études dont quinze
de médecine c'est un enfant gâté. Le service a donc changé la vie de
ce monsieur. D'accord ?
- D'accord.
- Et si ?
- Si quoi ?
- Si c'était simplement un médecin pensionné, un homme ayant passé sa
vie au labo. Un gosse de riche.
- Oui ?
- Disons que le service n'aurait en rien modifié le futur. Il ne
resterait alors qu'un problème, mais de taille : pourquoi et
comment le temps tourne-t-il à l'envers pour lui ?
- Si je vous dis qu'on en reparlera dans 3 jours, ça vous
irait ? »
Santer prend congé de moi. Mais, avant de ma quitter me lance :
- « Au fait, qui est cette Christine Malèvre qui va vous ramener
ici bientôt ?
- Après-demain, monsieur Santer. Après-demain, jour de congé.
Christine Malèvre a travaillé ici. Et ici, elle a tué quelques-uns de
ses patients. »
« Les tueurs en série ». Bon, le titre du bouquin est un
peu, comment dire ? Peu importe. Des noms qui ne disent rien à
personne, mais des histoires qui se tiennent. « Jack
l'éventreur », « Landru », « le Dr Petiot »,
« BrisChri » et d'autres. D'autres parmi lesquels
« Christine Malèvre ».
Il y a maintenant 6 mois que j'habite Mantes-la-Jolie. Une petite
manie : me renseigner sur la petite histoire du lieu où j'habite.
Et j'ai trouvé Christine Malèvre. Quand, chez un bouquiniste, j'ai
trouvé ce livre dont un chapitre lui est consacré, je l'ai acheté. Je
l'ai fini il y a quelques jours.
Christine Malèvre, infirmière, a, pendant ses interrogatoires, reconnu
les assassinats d'une trentaine de ses patients. La cour d'assises de
Versailles la condamnera pour sept morts. Sans être intéressé plus que
ça par le crime, je profite de mon jour de congé pour aller
« renifler » les lieux. Simple « curiosité
professionnelle ».
C'est dans le taxi qu'un nom m'est revenu : Jacques Santer.
Bien que ce nom ne me dise rien je dis revenu car la mémoire est
capricieuse : j'ai du lire quelque chose sur ce type, je ne sais
plus ni quand ni quoi, et ce nom me revient sans raison. Que
voulez-vous ? c'est mon métier qui veut ça : quand un nom me
revient ainsi, il doit y avoir une raison. Je sors mon agenda sur
lequel, à la date du 3 avril, aujourd'hui, 11:00, il est noté :
« Hôpital Mantes-la-Jolie / Christine Malèvre »
J'y ajoute :
« vérifier : Jacques Santer »
Maintenant, impossible d'oublier !
L'hôpital est fermé ! Pas une fermeture définitive, non, un
accident. Police, pompiers, SAMU, que sais-je encore, les services de
secours sont tous là. Je ne sais pas pourquoi. Ecoutant les
conversations des nombreuses personnes qui sont, comme moi, devant la
porte close, j'entends que les mots « mousson »,
« orage » et « éclairs » reviennent souvent. Oui,
la mousson a commencé hier, plus tôt que d'habitude, et un foutu orage
nous est tombé dessus.
- « Monsieur l'agent ! Monsieur l'agent ? Bonjour. Que
se passe-t-il ?
- D'où venez-vous donc ? La foudre ! Hier. La mousson. Il a
commencé à pleuvoir le matin, l'orage est arrivé en début
d'après-midi. Et à 15:00, plusieurs éclairs sont tombés en même temps
sur le bâtiment ! L'ordinateur est foutu : plus aucune porte
qui s'ouvre. Les pauvres, ils sont coincés la dedant depuis hier. Et
on ne sait pas pour combien de temps. Il ne reste qu'à espérer qu'il
n'y a pas eu trop de problèmes à la maternité.
- La maternité ?
- Oui, quatre-vingt douzième et dernier étage ! C'est juste sur
la maternité que les éclairs sont tombés. »
Inutile de rester ici sous cette pluie qui empêche de lever la tête
tellement elle tombe drue. Je n'ai fait que quelques pas quand
j'entends la foule : une porte est ouverte. Demi tour. Une porte.
Une seule ! Les familles doivent rester au dehors, seule la
police peut s'approcher du bâtiment. Je m'approche. Je montre ma carte
de service. Je suis bon pour, déjà, déménager. Un enfant a disparu de
la maternité. Charles Barbès.
Charles Barbès. Ce nom me dit quelque chose. Mais quoi ? Pour
l'instant, je ne trouve pas. De toutes façons, avec les issues
bloquées depuis hier, il ne peut être loin c'tenfant. Puisque les
ordinateurs fonctionnent à nouveau, courriel vers le service :
congé ou pas congé, je travaille. Tant que j'y suis, je cherche
« Jacques Santer ». Président de la Commission Européenne,
ancêtre de la Fédération des Pays d'Europe, de 1995 à 1999. Je me suis
inquiété pour rien, ce nom, j'ai du le trouver dans ce bouquin qui
parle de Christine Malèvre.
Charles Barbès. Prix Nobel de médecine en 2102. Grâce à cet homme,
Alzheimer peut être guéri. Voilà pourquoi ce nom me disait quelque
chose. Ça ne peut pas être le même.
Simple coïncidence.
- © Christian Brissa
- juin 2005