« Les personnages et les situations de ce récit étant purement
fictifs, toute ressemblance avec des personnes ou des situations
existantes ou ayant existé ne saurait être que fortuite. »
Évidemment, vous espériez autre chose. Il fallait bien lire le titre:
« fausse » bio.
« Dieu a sagement agi en plaçant la
naissance avant la mort : sans cela, que saurait-on de la
vie ? »
Alphonse Allais (1854 - 1905)
Enfance
Je suis né. Quand n'a que peu d'importance. La seule chose qui compte
c'est de l'être.
De toute façon, je ne me souviens ni de ma naissance, ni des premiers
mois de ma vie. Alors, donner une date.
Et puis, j'écris ce que je veux. Pas ce qu'on veut bien me faire
écrire.
Il y a une autre raison à ne pas donner de date de naissance : je
ne suis pas certain de la mienne. J'y étais, j'étais même attendu
comme une star. Médecin et infirmières ne donnent pas la même date: 25
pour lui, 24 ou 26 (je ne sais plus) pour elles. Elles dont ma mère.
C'est lui qui a gagné, officiellement je suis né un 25.
Rue Augustin Delporte numéro 93 à Ixelles est l'adresse de mes
parents au moment de ma naissance. Je me souviens de la maison, de son
entrée monumentale, de son monte-charge et du lit dans lequel j'ai
dormis. Il y a peu, je suis passé par hasard dans la rue. J'ai grandi,
la maison est devenue plus petite. L'entrée monumentale a disparu,
remplacée par la même redevenue normale.
Un souvenir. Un seul, un cambriolage. J'étais seul à la maison.
Malade ? Week-end ? Je ne sais pas, je ne sais plus. Seul
dans mon lit. Une porte a été poussée, porte qui jamais ne servait.
J'entends encore le bruit des seaux qui frottent sur le sol plus
qu'ils ne glissent. Un bruit que tout le monde connaît. Quand mes
parents sont rentrés, je leur ai dit ce que j'ai entendu. Ce qui était
derrière la porte avait bien été déplacé. La porte, elle, était
toujours fermée à clef, la sécurité à sa place. Mes parents qui
avaient quitté la chaussée de Boondaal pour une histoire de fantômes
et de rideaux qui s'ouvraient et se fermaient seuls…
Boulevard Léopold III, au 21, à Schaerbeek est la seconde adresse
dont je me souvienne. Pas vraiment difficile, l'appartement n'a été
vendu qu'à la mort de mon père. 3 chambres, les parents, les filles,
les garçons, à 2 dans chaque.
Bizarrement, je n'ai pas de souvenirs ayant marqué la période où j'y
ai vécu. Arrivé en février 62, j'ai quitté la maison en septembre 1970
pour l'internat. Entre les deux dates, rien à signaler. Une enfance
sans doute normale. Calme. Sans souci.
Sauf le concours de dessin du journal Le Soir. « Souvenirs
de vacances ». J'ai peints le tombeau de Galla Placidia,
tombeau qui se trouve à Ravenne, en prenant une carte postale comme
modèle, la peinture à l'huile a été considérée comme n'étant pas de la
main d'un enfant de 9 ans. J'ai été écarté pour tricherie parce que
mon père m'avait appris à dessiner. Depuis, je ne dessine plus.
Sauf l'école. Si les années scolaires ont été bonnes, il y a une année
qui me reste en travers de la gorge. La quatrième à l'École
préparatoire à l'Athénée, avenue de Roodebeek. Mon instituteur m'a
pris en grippe dès le premier jour. Uniquement à cause de mon nom de
famille. Je me souviens du premier jour de classe : «Monsieur
Brissa, je vais vous briser».
Comme accueil, on fait mieux, non ? Une année horrible. S'il y
avait du bruit en classe, c'était moi, un objet tombait par terre,
c'était moi, une crasse à ramasser, c'était pour moi. Et les objets
confisqués, je ne les comptais plus. En fin d'année scolaire, ces
objets étaient purement et simplement vendus aux enfants qui payaient
en bons points. J'ai fourni la moitié
du magasin, pas un seul bons point, je
n'ai rien pu racheter.
Je voulais faire de la musique. Mes parents m'ont acheté une guitare
et inscrit au solfège. La semaine suivante, j'ai eu un bulletin
catastrophique : 47%. Cours de musique supprimés, guitare
confisquée. Plus de musique. Ça me manque encore.
Mon père
Que dire de mon père ?
Que toute sa vie il a menti ? Que jamais il n'a vraiment rejeté
le passé, son passé, ce passé qui l'a conduit en prison pour 5
ans ?
Il a porté l'uniforme et a fait la guerre. Ce n'était pas le bon
uniforme, il n'était pas du bon côté. De cette période, il n'a jamais
parlé. Enfin, si. Mais en s'inventant un passé de prisonnier de guerre
en Poméranie. Il a lu tout ce qu'il a pu lire sur la guerre. Lui qui
ne la connaissait que par la propagande nazie à laquelle il
participait en tant que photographe de la Légion Wallonie-SS, se
devait de la raconter comme s'il avait été du côté alliés.
Il a payé, il faut pardonner.
Difficile.
Difficile pour moi comme pour d'autres.
Semaine anglaise à Sarma-Lux où il travaillait. Pour préparer son
travail il est allé en Grand-Bretagne. Il a été arrêté à son arrivée.
Il voulait refaire sa vie dans un autre pays, l'Australie. Là, membre
du Coomonwealth, l'Australie lui a refusé l'entrée sur son territoire.
Difficile.
Difficile d'oublier certaines réflexions.
Un jour, à la télé, un couple mixte. Pas un homme et une femme, non,
un noir et une blanche. On ne voyait pas souvent des couples ainsi à
l'époque : « Ce n'est pas parce
qu'elle le prend pour un homme qu'ils doivent échanger leurs
gènes ».
Ou, le fameux 11 septembre, en parlant des États-Unis
d'Amérique : « C'est bien fait pour
leurs gueules !»
Sans compter les remarques sur les juifs. « Septembre noir »
a massacré des athlètes israéliens à Munich aux jeux d'été de 1972,
ils n'y avait « pas assez de juifs
morts ».
Ou les remarques sur les homosexuels. On traite facilement quelqu'un
de pédé, pour lui, ce mot était une condamnation, quand il le disait
de quelqu'un, ça voulait dire que mon père avait perdu toute
considération pour ce quelqu'un.
Le nazisme primaire dans toute sa connerie.
Non, malgré une éducation qu'il a voulu donner libérale, il n'a jamais
renié son passé d'extrémiste de droite.
Adolescence
J'ai quitté ma famille en septembre 1970 pour l'internat. Mon
adolescence c'est donc passée à l'école, loin de mes parents.
Résultat, je n'ai pas vraiment connu les heurs parents-enfants. Et
j'ai eu une adolescence sans souci. Heureuse même. Il faut dire que
l'internat m'a bien plu et que m'y suis fait des amis avec lesquels je
suis encore en contact aujourd'hui.
Et, après l'internat à Ciney, ça a été l'internat à Louvain-la-Neuve.
Quand je dis que j'ai quitté ma famille en septembre 1970, c'est un
simple constat. Je ne rentrais que pour les week-end et les vacances.
Homosexualité
Les vacances. Chaque année en Italie.
J'ai toujours été en admiration devant le travail d'un artisan. Encore
maintenant, peux rester des heures à regarder quelqu'un qui sort
quelque chose de ses mains. Et une année, nous étions en vacance à
Pesaro. Cette année est la première où je me suis retrouvé dans un
groupe. Des hommes, des femmes, des jeunes-filles. Des gens en vacance
et d'autres qui travaillent. Parmi ceux qui travaillent, un artisan.
Il fait des cendriers en cuivre. Découpe au chalumeau avant émaillage.
J'aimais le regarder. Plusieurs fois il a voulu m'expliquer le
maniement du chalumeau pour que je me fasse un cendrier, jamais je
n'ai accepté. Difficile d'expliquer à quelqu'un que c'est le regarder
faire qui me plaît, pas ce qu'il fait.
Et mon père qui convoque le gars, je l'ai appris plus tard, parce
qu'il est inconvenant que deux hommes passent des heures ensemble
chaque jour. Et le soir, c'est moi. Courte, très courte la remarque.
Il s'est frappé une main, dont il avait mis les doigts en rond, avec
la paume de l'autre main en criant : « Pas de ça chez
moi !»
Il venait de me traiter de pédé.
L'ambiance dans le groupe n'a jamais plus été la même.
Je n'ai jamais compris cette condamnation d'une personne simplement
pour son orientation sexuelle. Venant de mon père, la remarque m'a
fait mal. Je ne suis pas homo, jamais je n'ai été attité par un mec,
jamais je n'ai été tenté par une heure au lit avec un gars. Et que mon
père foute la merde dans une bande de copains parce qu'il s'est
convaincu du contraire…
Enfin, c'est passé. Mais pas oublié.
Et cette histoire m'a poussé à ne jamais m'intéresser au copain ou à
la copine de celui ou celle à qui je parle. Si mon interlocuteur me
parle de son copain, de son ami ou de son mari, c'est, généralement,
parce qu'il sait que je ne ferai aucune remarque sur son
homosexualité.
Un jour, Gare Centrale à Bruxelles, je suis tombé sur une femme qui me
dit, je ne sais toujours pas pourquoi puisque je ne la voyais que pour
la première fois, que sa femme ci, sa femme ça. Bref, elle se sentait
à l'aise et s'est ouverte à un inconnu, moi en l'occurrence. De ce
qu'elle m'a dit, je n'ai retenu qu'une chose, «Lorsqu'on
tombe amoureux, on ne tombe pas amoureux d'un homme ou d'une femme,
on tombe amoureux d'une personne. Et, qu'on soit un homme ou une
femme, cette personne peut être un homme ou une femme».
Mariage
C'est à Louvain-la-Neuve que j'ai rencontré celle qui allait devenir
mon épouse. Ça n'a pas été le coup de foudre, non. Nous avons appris à
nous connaître un peu avant de tomber amoureux.
Et, très vite, nous nous sommes retrouvés dans un lit. Nous n'en
sortions que pour nos besoins naturels, car pour manger, une copine
nous servait. Arlette venait régulièrement reprendre la vaisselle sale
et remplacer les assiettes vides par des pleines. Bon, bein, à un tel
rythme, 10 fois par jour minimum, Pierrette s'est trouvée enceinte.
Garder l'enfant ou non, nous avons hésité. Pas longtemps. Garder
l'enfant et ne rien dire aux parents. Pour qu'il soit trop tard pour
un avortement, pour pouvoir nous marier. Oui, c'est une manière comme
une autre de forcer un peu la main au destin. Nous ne travaillons ni
l'un ni l'autre, les parents et beaux-parents s'accordent sur une date
et sur le soutien financier aux jeunes.
Mariage, naissance. Un garçon.
Et les premiers problèmes.
Belle-maman
Ma belle-mère a deux enfants. Deux filles. Elle qui aurait voulu un
gamin voit sa fille avec un petit.
L'accord financier qui avait été pris entre les deux famille ne tenait
plus. Elle voulait s'occuper d'un mâle, montrer qu'elle pouvait faire
mieux que sa mère. Elle a enlevé mon fils. Le mot n'est pas trop
fort : « si tu ne me donnes pas ton
fils, je ne paye plus tes études ». Ma femme ne m'a rien
dit tout de suite, elle ne me l'a dit que plus tard, beaucoup plus
tard, quand mes enfants étaient à l'école moyenne.
Elle a accepté.
Mon gamin s'est retrouvé ailleurs. Chez cette pourriture.
Dressage
Je ne peux me résoudre à parler d'éducation et je parle de mon propre
fils. Il n'y a pas de mot mieux adapté que celui de
« dressage ».
« À moi, tu dois toujours obéir, à ta
maman, parfois, à ton père, jamais. »
Voilà ce que je lui ai entendu donner comme leçon à mon fils. Elle se
foutait bien pas mal de me savoir présent : jamais sa fille ne
réagira, parce qu'elle a, elle aussi, été dressée par sa mère et qu'on
obéit à sa mère. Même après le mariage.
Et cette merde connaissait bien sa fille. Elle avait raison, jamais ma
femme ne m'a écouté.
Ce jour-là, j'ai annoncé à ma femme que je fêterai la mort de sa merde
au Champagne. Je suppose que c'est la raison pour laquelle elle ne m'a
pas annoncé le décès de sa mère. En plus du plaisir de me gacher un
jour de joie.
Je ne voulais pas que mon fils ait des armes comme jouet. Un jour,
j'ai fait le tour de la maison des beaux-parents, des révolvers, des
pistolets, des carabines, des fusils et même des arcs. J'ai rempli le
coffre de la voiture et tout jeté le long d'une grand route. Un coffre
de Visa, rempli. Des armes, s'il n'y en avait pas deux cents, il n'y
en avait pas une.
Et mon fils, dressé à mentir à son père qui me disait qu'il ne jouait
pas avec des armes, qu'il ne regardait pas la télé alors qu'il passait
des heures devant. Oui, ma belle-mère, cette merde, a détruit mon
fils. Elle l'a dressé contre son père, mais elle n'a pas fait que ça.
Elle lui a appris qu'il était Dieu, qu'on doit lui obéir. Quand mon
gamin a travaillé dans une banque, il s'est fait virer, impossible de
respecter l'autorité de son chef quand on est Dieu. Elle lui a préparé
un avenir professionnel superbe. Pauvre gosse.
Et elle a battu mes enfants. Parce qu'un enfant doit obéir.
Une fille
Ma femme est enceinte d'un second enfant. Nous sommes heureux. Et, normal, les familles sont mises au courant. Chez mes parents, ce n'est pas la joie : « Mais enfin, Christian, tu ne sais pas t'occuper du premier et tu en fais un autre. » Gentil n'est-ce pas ? Pourtant, c'est plus gentil que le commentaire du tas de merde qui me sert de belle-mère : « Quand on a un garçon, on doit être content, on ne commande plus d'enfant. » Elle dira pire encore à la naissance du quatrième. Alors que ma femme est à l'hôpital, avant d'aller la visiter, elle est passée par la maison. Trente minutes d'insultes à mon égard. Égard, un mot bizarre quand on sait qu'elle n'en avait aucun pour moi. Trente minutes qui ne se sont arrêtées que parce que le mari a fini par oser lui dire de se calmer. Une petite phrase dite ce jour-là ? « Vous aller arrêter de faire des enfants ! J'ai pas éduqué ma fille comme ça, c'est pas un lapin ! » L'extériorisation de sa joie d'être grand-mère quand la nature vous a fourni un corps mais a oublié d'y glisser un cerveau.
Ma fille retrouvera son frère chez ses grands-parents. Je ne me souviens plus ni pourquoi ni comment c'est arrivé mais c'est comme ça. Elle n'a jamais été considéré comme autre chose qu'un accident après une réconciliation. Alors que, à ce moment, nous n'avions jamais eu le moindre nuage dans le couple. Il est vrai que comme nous aurions dû être content et satisfaits d'avoir un gamin, un deuxième enfant ne pouvait être qu'un accident. Et ma fille a appris la raison de sa naissance version grand-mère. Encore maintenant, elle ne pense pas avoir été désirée.
Un enfant doit obéir. Pour ça, les coups sont une méthode facile.
Facile et éprouvée. Ma femme et ma belle-sœur en savent quelque chose.
Mes enfants l'ont appris. Si j'ai vu ma mère battre mon frère, un
gamin si violent que, par deux fois, il a cassé le nez de sa sœur, je
ne me souviens pas d'avoir reçu de gifle ou de fessée. Jamais je
n'aurais pensé que la grand-mère allait battre ses petits-enfants.
Pourtant, elle l'a fait.
Et ma femme aussi.
Je l'ai vue faire.
Une fois.
Nous habitions Bruxelles, rue Royale Sainte-Marie. À quatre dans un
appartement. Un soir, je ne sais plus pourquoi, ma femme s'est énervée
sur mon fils et a fait avec lui ce que sa mère avait fait avec elle,
elle l'a battu. Je me souviens que le gamin était dans son lit - celui
du bas de lits superposés, le plus près possible du mur, le plus loin
possible de sa mère et, surtout, de ses mains. Ces mains qui
frappaient, frappaient. Il m'arrive d'y penser encore. Il m'arrive
d'en faire des cauchemars. Encore.
Je suis intervenu pour les séparer. Et j'ai promis une danse à ma
femme si elle recommençait. Elle n'a, à ma connaissance, jamais
recommencé. Heureusement, moi qui n'ai jamais frappé personne, je ne
sais pas comment j'aurais fait ; mais, pour une raison que
j'ignore et que je ne comprendrai sans doute jamais, mes aînés disent,
depuis longtemps et à qui les entend, que je les ai battu quand ils
étaient petits.
Le dressage, sans doute. Mais comment en arrive-t-on là ? Je
n'en sais rien.
(2014) Je n'ai aucune certitude, je ne
suis pas psychologue, mais je pense, enfin, avoir trouvé une
raison : la coiffure. Cela peut sembler bizarre, mais ça se
tient… Le tas de merde qui me servait de belle-mère avait des cheveux
blancs. Les miens sont longs, encore maintenant, et blancs depuis
longtemps. La belle-mère portait régulièrement un cache-poussière bleu
sur un vêtement clair. Ma barbe est blanche depuis longtemps. Je suis
convaincu, je me trompe peut-être, que, à cause du dressage, dans
leurs souvenirs, mes aînés ont échangé nos visages, ma barbe et son
décolleté. Ma conviction est d'autant plus forte que les enfants ne
disent avoir été battu par moi que depuis que je porte la barbe.
Mon ex-femme m'a dit que sa fille lui avait raconté des choses que
j'aurais faites et dont elle ne se souvenait pas. Normal qu'elle ne
s'en souvienne pas, ce n'est pas moi qui battait ses enfants. Enfin,
bon, maintenant, le principal étant de cracher sur moi, que ce tas de
cons ne se retienne pas. S'il ne faut que ça pour les rendre heureux.
Au moins, mon départ de la maison leur aura fait du bien : ils
sont unis contre leur père.
Boulot
J'ai eu de la chance, j'ai, presque, toujours travaillé.
Étudiant, je travaillais le soir dans une crêperie, quand mes études
se sont terminé, d'elles-mêmes, pas après avoir réussi, je me suis
retrouvé engagé au même endroit. Changement de patron, il m'a fallu
trouver autre chose. Pointeur dans une chaudronnerie, chef-jardinier
dans un CPAS, tenancier d'une agence de paris hippiques, cours du soir
d'informatique (programmation COBOL), «chômeur mis au travail» dans
une ou deux administration avant d'entrer comme programmeur à l'État.
Oui, j'ai eu de la chance, j'ai, presque, toujours travaillé. Je n'ai
été pointer que pendant, environ, deux mois. Si le travail que j'ai
est chiant et peu enrichissant, il me permet de manger.
Mon boulot aurait payé mieux sans deux erreurs du S.P.R. (devenu
Selor en 2000). Il aurait été plus intéressant.
Pour un peu, actuellement j'aurais boulot enrichissant, dans tous les
sens du terme.
6ème de l'examen de programmeur, j'aurais dû entrer en service en
janvier 1984. Le S.P.R. m'a oublié et je ne suis entré que 23 mois
plus tard. Première erreur.
Lors d'un examen, le correcteur n'a pas fait son travail : au
lieu de lire ce que j'ai écrit, il a cherché ce que lui aurait écrit.
Et j'ai utilisé, pour initialiser une table, une méthode qu'il ne
connaissait pas. Deuxième erreur.
Sans ça, je serais fonctionnaire depuis 1993, sans doute directeur
maintenant, au lieu de quoi je suis, et resterai définitement, agent
de l'État. Et, quand j'ai demandé réparation des erreurs, j'ai reçu
une réponse claire : « Le S.P.F.
Justice n'est pas là pour réparer les erreurs des autres
administrations. »
Divorce
La mort fait partie de la vie, le divorce devient, de plus en plus
souvent, une partie du mariage.
Pourquoi divorcer ? Difficile à dire. Parce que je ne me sens
plus chez moi quand je suis en famille ? Parce que la haine dont
les enfants font preuve à mon égard me devient insupportable ?
Parce que l'usure du mariage ? Parce que ? Un peu de tout
ça. Beaucoup de tout ça.
Je ne me sens plus chez moi quand je suis en famille. Pourquoi ? Je ne sais pas. Je le constate, c'est tout. Je ne suis pas heureux à la maison. Je m'y sens comme un étranger. Un étranger en visite chez des gens, ma famille, qu'il ne connait pas et qui ne le connaissent pas. Si on demande à mes enfants de parler de mon travail, je ne suis pas certain qu'ils puissent donner le nom de l'administration qui m'utilise. Quant à dire ce que j'y fais…
La haine de mes enfants à mon égard, cette haine qui grandit chaque jour et que, chaque jour, je ressens un peu plus ? Certainement. Et ça joue pour beaucoup dans ma décision. Énormément même. Le petit dernier s'entend bien avec les deux aînés. Il me montre les même sentiments que ceux des deux autres. Il a une petite amie, c'est bien, c'est de son âge. Elle est venue à la maison, c'est bien, c'est plus confortable que sous une porte-cochère disait mon père. Mais il ne m'a toujours pas présenté la demoiselle. Il ne m'en a jamais dit le prénom. Ce n'est pas normal. Mon fils ne me parle pas. Depuis des années. En fait, si je prend les dix dernières fois qu'il m'a parlé, une fois, c'était pour m'inviter à nous battre pour une histoire d'abonnement de gsm que je n'ai pas voulu lui payer alors que sa mère avait décidé de ne lui payer que celui là, les neufs autres fois, c'est pour me demander de l'argent pour des cigarettes.
L'usure du mariage ? Oui. On change, on vieilli. On n'a plus les mêmes envies. Le train, deux fois par jour, ça ne gêne pas quand on a vingt ans. Le jardin qui ne m'a jamais attiré devient un poids. Je n'ai jamais aimé vivre dans une maison, je ne le supporte plus. Les gens changent, moi comme les autres. Depuis ma première dépression, je supporte de moins en moins ce que je supportais bien avant. Et je ne supporte plus ce que je, simplement, supportais avant.
Et les sentiments changent, l'amour se fane, le désir s'étiole. Bref, nous sommes deux à vivre à la même adresse. Mais pas ensemble.
L'après divorce
Ma fille aînée.
Sa haine pour moi a tourné à l'obsession.
Elle me doit de l'argent, argent que j'ai avancé pour payer une
amende, rien de grave mais elle refuse de me rembourser.
Ça pourrait lui coûter cher.
Des dommages et intérêts seront demandés. Elle aura plus à payer.
C'est tout. Si elle pense m'ennuyer avec son obstination enfantine à
refuser de prendre ses responsabilités d'adulte, elle se trompe. Elle
payera.
Ça pourrait lui coûter très cher.
Elle a toujours, sa grand-mère, sa mère, son petit-ami Espagnol et
maintenant son mari, fait confiance à ceux qui l'ont battue ou la
battent. Je doute que celui dont elle partage la vie apprécie d'avoir
à payer plus.
Surtout sans raisons.
Le retour du tribunal pourrait la marquer.
Physiquement.
Je ne peux qu'espérer que ça ne lui coûte pas la vie.
Mon ex-femme.
Madame a le même cerveau que sa mère : elle oublie,
immédiatement, ce qui ne l'arrange pas.
Les Finances ont remboursé les impôts sur le compte commun ? Ces
impôts ont été payés à deux ne l'arrange pas, et, comme ce compte est
à son nom, c'est pour elle. Facile et malhonnête.
Elle a signé une convention de divorce par laquelle elle s'engage à
payer les entretiens et les dégâts éventuels à la voiture que je lui
prête, ça ne l'arrange pas, elle m'a laissé la facture : « tu
n'as qu'à faire réparer ». Facile et malhonnête.
Elle a signé une convention de divorce par laquelle elle s'engage à
payer les mensualités de la voiture, ça ne l'arrange pas, elle m'a
demandé de le faire et, comme un con, je lui ai avancé l'argent
qu'elle considère être un cadeau. Facile et malhonnête.
Elle oublie que le budget de la Justice est réduit à portion congrue,
elle oublie que le Justice doit s'autofinancer. Si en Justice le
montant des domages et intérêts est, forfaitairement, établi à 2500€,
l'État n'hésite pas à demander le double pour lui, et, généreusement,
autant pour la partie adverse, sous le prétexte d'«avoir donné un
travail inutile aux juges et greffier». La Cour d'Appel de Liège a
montré l'exemple, une belle jurisprudence.
Ma fille et mon ex-femme.
Ces dames pensent m'ennuyer, elles ont, pour ce faire, la même raison que celle qui les pousse à ne pas me rembourser : aucune. Sans rien faire d'autre qu'attendre les jugements, elles vont me rapporter 7.500€. Minimum. Minimum parce que si le Juge de Paix condamne ma fille pour «avoir donné un travail inutile aux juges et greffier», les montants seront identiques. Pour moi, c'est rentable, pas besoin que je m'énerve.
Mon ex-femme.
Madame a le même cerveau que sa mère : elle oublie,
immédiatement, ce qui ne l'arrange pas.
Heureusement, suis-je tenté de dire, sans ça, elle aurait des
problèmes pour dormir.
Elle a aidé mon frère à voler ma mère en 1993.
Je ne l'ai appris, par hasard, qu'à la fin de 2013. Trop tard pour
déposer plainte, il y a prescription.
Elle a donné mandat à mon frère sur le compte de ma mère. Le compte en
banque et le coffre dont elle avait la clef. Pauvres idiots de parents
qui ont fait confiance à mon ex-épouse, elle les a berné. Mon frère a
vidé le coffre, ce qui fait qu'au moment du décès de mon père, il n'y
avait aucun titre, aucun des bijoux que maman avait hérité de sa mère.
Si madame acceptait, comme je lui ai déjà proposé de le faire, de
déposer plainte pour diffamation, il n'y a pas prescription pour elle,
ces vols, détournements, usurpation d'identité et autres abus de
confiance seraient mis au jour.
Elle aurait une amende, peut-être une peine de prison (on peut rêver),
ses enfants et sa famille sauraient que, lorsqu'elle me traite de
fabulateur, elle ne fait que m'insulter.
Ils sauraient, enfin, en qui ils donnent leur confiance.
Mais surtout, moi, je pourrai dormir.
Vivement que cette personne abjecte me paye ce qu'elle me doit que je
puisse l'oublier.
Si j'ai peu de regrets dans ma vie, j'en ai un, un gros, je regrette
d'avoir étudié à Louvain-la-Neuve.
Si mes parenst avaient accepté de me laisser aller à l'ULB, je ne
l'aurais pas rencontrée.
Un seul regret mais, je l'avais dit, il est de taille.
- © Christian Brissa
- 6 janvier 2013
- mise-à-jour 23 novembre 2014