- Non.
- Quoi ? Non !
- Tu n'as pas besoin de ça.
Micheline retire le slip qu'elle enfilait. Jacques le prend, ramasse
aussi le soutien-gorge et lançe les pièces de lingerie vers un coin du
studio. Sortant du lit, il attrape Micheline, la retourne, frottant
ainsi son ventre sur le dos de sa belle. Micheline sent monter le
désir de Jacques. Elle le sent s'immiscer entre ses fesses.
- Arrête.
- Pourquoi ?
- En face. Les voisins. Ils vont nous voir.
La pièce est inondée de soleil. Les 2 amants doivent être visibles de
loin.
- Tu vois quelque chose chez eux, toi?
- Non.
- Pourquoi voudrais-tu qu'ils voient chez toi ?
Vaincue, plus par son propre désir que par l'argument de Jacques,
Micheline se baisse, offrant généreusement sa croupe à cet homme
qu'elle ne connait que depuis quelques jours. Mais quels jours!
- Tu viens.
Les amoureux sortent du studio. Sur le chemin qui les mêne de
l'Hocaille au Biéreaux, les amoureux ne croisent personne. Il n'y a
que peu de gens à Louvain-la-Neuve le samedi. Moins encore un samedi
de juillet. Un jour de pluie, la distance aurait été parcourue en une
petite dizaine de minutes. Aujourd'hui, ralentis par les baisers et
les caresses, une bonne heure leur est nécessaire.
La place des Wallons, presque horizontale, est longée par la rue des
Wallons, rue qui grimpe assez fort. Arrivés sur la place, Jacques et
Micheline s'installent à la terrasse d'un bistrot. La place est
déserte. Ils sont seuls. Micheline s'installe le plus confortablement
possible. Presqu'allongée, les jambes à peine pliées, les bras
ballants sur les accoudoirs. Jacques, assis contre elle, lui tient une
main que, de temps en temps, il embrasse amoureusement. Le temps
s'écoule lentement. Un léger vent rend supportable la caresse du
soleil.
Venant du bas de la rue des Wallons, 3 étudiants arrivent. Eux aussi
ont envie de vider un verre. Quand ils voient Micheline, ils
s'arrêtent. La rue des Wallons est en contrebas de la place. D'où ils
sont, les 3 compères ont une vue magnifique sur les jambes de
Micheline. Les jambes entières. Des chaussure jusqu'à l'endroit où,
normalement, aurait du se trouver une petite culotte.
Bien que seules les têtes passent, Jacques les a vu. C'est le moment
qu'il choisi pour se pencher vers sa compagne, pour l'embrasser dans
le cou, pour passer sa main sur le genoux de Micheline. La réaction de
celle-ci est immédiate : oubliant l'absence de sous-vêtements,
oubliant l'endroit où elle se trouve, ignorant la présence de ces 3
spectateurs, elle se cambre sur sa chaise, ouvre les jambes, laisse la
main de Jacques remonter sur sa cuisse. Quand elle sent les doigts la
pénétrer, elle se cabre. Ferme les jambes. Se refuse. Puis
s'abandonne. Ecartant les jambes plus encore, elle cherche la bouche
de Jacques, la trouve, la prend, la visite. Un baiser passionné, d'une
passion exacerbée par la caresse sous la jupe.
Quand elle ouvre les yeux, Micheline voit les curieux. Elle se
redresse sur sa chaise, arrêtant net le spectacle improvisé. Jacques
passe la main sur le visage de sa Dulcinée, la calme, la rassure.
- Regarde leurs yeux. Comme ils brillent. Je parie que c'est la
première fois qu'il voient une femme s'abandonner comme tu le faisais.
Micheline se lève.
- Je vais chercher un autre verre d'eau.
Quand elle revient, les étudiants sont toujours là. Ils attendent une
suite. Suite qui ne viendra pas. Ce n'est pas le genre de Micheline.
Arrivée près de Jacques, elle le regarde silencieusement, ne sachant
vraiment pas quoi dire. Il le savait, c'est certain. Pourquoi l'a-t-il
carressée devant ces inconnus. La bosse du pantalon lui prouve que si
elle a aimé, lui aussi. Elle est incapable de lui faire le moindre
reproche, dépose les verres et s'assied.
- Tu ne vas pas t'asseoir comme ça. Tu vas faire des plis à ta jupe.
Non seulement Jacques savait, mais, de plus, il veut recommencer.
Micheline hésite. Une fois de plus, le désir est le plus fort.
Regardant Jacques dans le blanc des yeux, elle se relève, remonte sa
jupe haut, très haut, se rassoit, prend la main de Jacques, la dépose
sur son sexe baigné de lumière et d'humidité, ferme les yeux, se
laisse faire. Il ne faut pas longtemps pour qu'elle jouisse. Radieuse,
elle regarde ces étudiants dont la présence a, elle en est certaine,
augmenté son plaisir. Cela la surprend. Jouir comme elle vient de le
faire est une première. Elle retire la main de Jacques, lentement,
regardant les voyeurs occasionnels, elle plie les jambes, ramène les
pieds sur la chaise, offre sa chatte au regard. De les regarder qui
l'admirent, qui envient Jacques, lui donne envie de recommencer.
Seule. Cette fois ce sont ses doigts qui farfouillent la toison,
pinçottent le clitoris, la forcent à respirer plus vite.
Soudain, sans que rien le laisse présager, Micheline vide son verre
d'un trait et se lève.
- Bois ! Viens !
Ce dernier mot, bien qu'adressé à Jacques, est dit en regardant les 3
hommes.
- Viens je te dis.
- Tu es pressée.
- Oui. Viens.
Micheline est déjà partie. Elle remonte vers la place des Sciences.
S'arrête, se retourne : Jacques arrive, les 3 imbéciles, comme
les convoyeurs, attendent.
- Alors, c'est pour aujourd'hui ou pour demain ?
Même Jacques a compris. Cette question ne lui est pas adressée. C'est
presque un ordre donné aux 3 inconnus. Eux aussi ont compris. Ils
suivent.
Micheline est heureuse. Elle sait ce qu'elle veut faire. Jacques
l'ignore. Celà ne l'empêche pas de suivre joyeusement. Arrivée sur la
place en bois, Micheline se retourne, vérifie. Oui, ils sont encore
là. Pour être certaine qu'ils ne partent pas tout de suite, Micheline
fait mine de ramasser une pièce de monnaie. Les jambes entrouvertes,
tendues, ce qu'elle montre confirme l'impression qu'avaient les
étudiants : c'est bien eux qu'elle attend.
C'est presque en courant que Micheline descend dans le parking sous la
place. Quand Jacques la rejoint, elle lui saute au cou, l'embrasse, se
fait chatte, caresse le pantalon. Puis, elle ote sa jupe qu'elle
dépose sur le capot d'une voiture.
- Viens. J'attends.
C'est pour le coup que Jacques est étonné. La surprise est de courte
durée. Il enlève le t-shirt de Micheline qui se couche sur la jupe,
laissant libre le passage vers l'objet de tous les désirs. Jacques la
prend. Un des étudiants s'approche, fermeture Eclair ouverte, le sexe
à la main. Il espère que la bouche de Micheline calme ses ardeurs. Il
n'en est rien.
- Non ! Regarder, mais pas toucher.
L'inconnu ne comprend plus. Cette femme se montre, les appelle, les
attend, et quand ils sont là ils ne peuvent pas la baiser.
- Baisse ton pantalon et approche.
Micheline sait ce qu'elle veut : être regardée pendant que
l'homme de sa vie lui fait l'amour. Pas question de participer, mais
pas question non plus de laisser ses invités avec une telle trique.
Pendant que Jacques s'active en elle, elle masturbe le plus proche des
spectateurs, spectateur qui se laisse aller sur la carrosserie. Cette
même carrosserie qui accueille rapidement une deuxième trace. Le
dernier, le plus jeune, n'a pas su attendre, ce qu'il voit l'excite
tellement qu'il éjacule sans l'aide de personne.
Nos 5 personnages sont satisfaits. La jeunesse aidant, les 3 étudiants
remontrent de bonnes dispositions.
- Je peux ?
Micheline regarde Jacques qui acquiesce. Reprenant les jeunes un par
un, elles les vide une seconde fois. Ce petit travail manuel terminé,
elle remonte les pantalons.
- Et maintenant, laissez-nous. Une prochaine fois peut-être ?
Micheline n'a pas envie de se rhabiller. Elle se frotte à Jacques,
elle en redemande. Ils ont eu la paix pendant une petite demi-heure,
maintenant, une voiture arrive. Micheline ne cherche pas à se cacher.
C'est nue que les phares l'éclairent. Le moteur s'arrête, un couple
âgé sort du véhicule.
- Espèce de cochons, vous ne savez pas baiser ailleurs. Je vais à la
poste, si, quand je reviens, vous êtes encore là, j'appelle la police.
L'homme quitte le parking, laissant à sa femme le soin de veiller
« à ce que ces animaux en rut ne s'approchent pas de la voiture
et qu'ils s'en aillent ».
- Je crois qu'elle n'a jamais vu ce que je vais lui montrer.
- Que veux-tu faire ?
Pour toute réponse, Micheline s'assied, les fesses sur les talons,
baisse le short de Jacques et entreprend une fellation. La femme ne
bouge plus. Quand Micheline tourne la tête vers elle, elle lui trouve
le regard qu'avaient les étudiants.
- Attend, nous sommes trop loin d'elle, elle ne nous voit pas
convenablement.
Prenant Jacques par la main, elle passe à côté de la femme pour se
retrouver dans les escaliers. La lumière du jour éclaire le couple qui
reprend la pose. Subjuguée, la quinquagénaire les admire, les envie
presque. Quand Jacques se laisse aller, Micheline, la bouche pleine
approche de l'inconnue, l'embrasse, partageant ainsi ce que Jacques
lui a donné. La femme ne recule pas, rendant même son baiser à
Micheline.
- C'est bon, n'est-ce pas ? Vous devriez essayer avec votre mari.
Micheline reboutonne sa jupe, remet son t-shirt et s'éloigne de la
dame, faisant mine d'utiliser une autre sortie.
A peine se sont-ils éloignés que les tourtereaux entendent le mari.
La femme a envie d'essayer avec son mari. Pourquoi pas ici,
maintenant ? L'endroit semble propice. Elle ouvre la voiture,
allume les phares, referme la portière. L'homme se demande ce qui se
passe. La dame cherche Micheline du regard, ne la trouve pas. Dommage.
Cette jeune femme aurait vu qu'elle aussi en est capable. Et,
obéissant à un désir qu'elle avait toujours considéré être contre
nature, elle se baisse, sort le sexe de son mari, le prend en bouche.
Pendant qu'elle s'occupe, la dame voit alors Micheline. Celle-ci n'a
rien trouvé de mieux, pour faire savoir qu'ils sont encore là, que
d'allumer une cigarette. La dame se relève, remonte sa jupe et prend,
difficilement, la position qu'avait Micheline. C'était bon, ce sera
meilleurs. Ce qu'elle a goûté ne peut ressembler à ce que l'homme
qu'elle aime va lui donner. Dire qu'il y a une bonne dizaine d'années,
elle avait souvent la migraine. Dire que ça fait une petite dizaine
d'années que son mari ne lui demande plus rien, rebuté par la
constance des refus. Elle sait que ce soir elle n'aura pas la
migraine. Demain non plus. Elle se rend compte qu'elle s'est trop
souvent refusée à cet homme. Maintenant qu'elle le suce avec amour,
elle se le reproche. Que n'a-t-elle rencontré ces gens plus tôt.
- Maintenant, que fait-on ?
- Rentrons.
A peine arrivés chez eux et déjà déshabillés, dans le noir, Jacques
attrape Micheline, la retourne, frottant ainsi son ventre sur le dos
de sa belle. Micheline sent monter le désir de Jacques. Elle le sent
s'immiscer entre ses fesses.
- Arrête.
- Pourquoi ?
- En face. Tout en écartant les rideaux, elle ajoute : - Les voisins.
Ils ne vont pas nous voir.
- © Christian Brissa
- juin 2002