Aujourd’hui, je ne vais pas travailler, je vais à un enterrement.
Il y a plus joyeux pour occuper sa journée, même si les enterrements
sont souvent joyeux.
Et puis, il n’habite pas loin.
Et je l’aime.
Alors, la crémation entamée, je vais m’éclipser.
J’irai chez lui, nous n’aurons pas beaucoup de temps, pas assez pour
faire quelque chose à l’aise.
J’irai chez lui pour le voir, le regarder, lui dire « Bonjour », lui
dire « Je t’aime » et l’embrasser.
Oh oui, le serrer dans mes bras, lui donner à me humer pendant que je
lui retourne la pareille, être contre lui, tout contre, pendant que
lui est contre moi, tout contre.
Être l’un contre l’autre, à nous embrasser, nous renifler, nous
chercher des mains et du regard, nous caresser des mains et des yeux.
Moments de bonheur infini.
Mais nous n’aurons pas le temps pour plus, pas le temps pour autre
chose.
Malgré nos envies, malgré nos désirs.
Et j’ai quitté le groupe, je suis monté dans ma voiture et j’ai foncé
chez lui.
Pour dix minutes et une tasse de café.
Plus pour les dix minutes que pour la tasse de café.
Son sourire.
La cérémonie de ce matin est oubliée.
Ses yeux amoureux.
Oubliés les pleurs des proches du mort.
J’ai bien fait de venir.
Pas le temps de lui dire un mot.
Je suis entrée, un baiser passionné, puis, sa main sur ma bouche il
m’a collée contre la porte. Je ne bouge plus. Pas envie.
- Ma douce, je sais que nous n’avons pas le temps, que tu vas me
donner 36 raisons pour te justifier ou essayer de te justifier mais on
ne va pas perdre de temps à parler…
Pendant qu’il me dit ces mots, sa main libre s’occupe de mon pantalon,
elle libère, un peu, mon slip. Je ne sais pas s’il est en dentelle ou
en coton, lui non plus, il ne regarde pas, seule sa main s’active, ses
yeux sont plongés dans les miens.
- … alors nous ne parlerons pas …
Son corps est sur le mien, impossible de m’échapper. Si je le voulais
vraiment, oui. Mais je ne le veux pas.
- … l’odeur de ton désir est arrivée avant toi …
Il a raison. Je suis venue pour dix minutes, pas pour une tasse de
café. Et il le sent. De loin.
- … et tes désirs, ma douce, surtout ceux-là, sont des ordres auxquels
je n’ai pas envie de résister.
Sa main est dans mon slip. Un doigt dans ma fente. Je suis mouillée.
Déjà. Ça le fait sourire. Pas le sourire satisfait du play-boy qui a
emballé une greluche, non, le sourire amoureux de l’homme qui m’aime
et qui va me donner du plaisir.
J’ai envie.
J’ai plus qu’envie.
C’est devenu un besoin.
Il me tient toujours, je ne peux toujours pas parler, je n’en ai ni
l’envie ni le besoin. Je ne sais toujours pas bouger, je n’en ai ni
l’envie ni le besoin.
Il me viole avec mon accord. Un faux viol, un vrai bonheur.
Son doigt monte, descend, s’attarde où il faut. Et, surtout, comme il
faut.
Le plaisir monte, ne descend pas, c’est vraiment comme il faut.
C’est vraiment ce qu’il me faut.
- …Jouis, laisse-toi aller au plaisir, nous n’avons pas beaucoup de
temps, tu le sais. Alors, laisse-toi aller.
Il me dit ça avec douceur, ce n’est pas un ordre, c’est un souhait. Il
adore me regarder quand l’orgasme me submerge, quand mes jambes
s’affolent et me refusent leur soutien. Et, quand dans ma tête, je
crie « Maintenant », il l’entend. Son doigt accélère le mouvement,
accélère un peu la pression.
Il ne me lâche pas.
Alors que je m’attends à être libérée, il me tient encore. Il me
fouille. Ses doigts sont entrés en moi. Bon sang, le plaisir est trop
fort, il doit arrêter mais il continue.
Je ne sais pas jusqu’où il veut aller. Lui semble le savoir.
Il me libère de la douleur qui approche, ses doigts sortent de mon
sexe qui dégouline à mouiller mon pantalon à peine baissé.
Il sent sa main.
L’odeur, cette odeur que je n’aime pas parce que je la trouve trop
forte, trop prenante, le rend complétement dingue.
Je m’attends à ce qu’il suce ses doigts mais, étrangement, il n’en
fait rien.
Enfin, il libère ma bouche. J’aimerais lui dire le bonheur d’avoir
joui sous sa caresse mais je n’ai pas le temps. Il empoigne mes
cheveux par la queue qui les maintient et tire. Il me tire vers la
porte.
J’aime un peu de piment dans nos relations amoureuses mais là, pour la
première fois, il cherche à faire mal. Je ferme les yeux, il sait ce
qu’il veut, je n’ai qu’à attendre, je l’apprendrai. Mais la douleur
qui me pousse à fermer les yeux me force à ouvrir la bouche pour lui
dire ma douleur.
C’est ce qu’il attendait le salaud.
Il met sa main poisseuse dans ma bouche.
Je n’aime pas l’odeur de ma chatte en chaleur, alors, le goût, n’en
parlons pas.
- … Lèche…
C’est la première fois qu’il me donne un ordre que je ne pourrai pas
discuter ou refuser.
- … et n’avale pas …
Je sens bien que le plaisir qu’il m’a donné s’estompe mais j’obéis.
Il n’a jamais été, et ne le sera jamais, brutal avec moi. Aujourd’hui,
nous avons peu de temps et lui n’a aucune envie de discuter.
Je ne discute pas non plus, je suce ses doigts.
Il les sort lentement de ma bouche.
- … On y retourne.
Sa main reprend la place qu’elle occupait quelques secondes avant et
sa bouche se colle contre la mienne, sa langue ne force pas le
passage, un baiser, le premier comme ça.
Ma bouche a le goût de mon sexe. Et il aime ça.
Il avait prévu de me faire jouir deux fois tout en sachant que je ne
le supporte pas. Il a diminué mon plaisir après l’orgasme pour
m’envoyer une seconde fois au Paradis.
Non, ce n’est pas un salaud.
Un diable, tout au plus.
Cette fois, je pousse mon sexe en avant pour lui faciliter l’entrée.
J’écarte les pieds comme je le peux pour le laisser entrer. Nos
langues s’affolent, je sens qu’il se retient de gémir, il ne veut pas
arrêter ce baiser. Magique.
Faire l’amour à quelqu’un qu’on aime a quelque chose de magique. Ce
goût qui me dérangeait, qui a fait tomber mon excitation ne me dérange
plus. Il fait monter son excitation. Et la mienne suit la sienne.
Dépasse la sienne.
Mes seins partent en avant pour augmenter, si c’est possible, le
contact avec l’amour de ma vie. Je les sens pointer dans mon
soutien-gorge, je les sens comme s’ils étaient nus contre sa peau.
Je gémis, je plane, je jouis une deuxième fois en moins d’une minute.
Ses doigts me pénètrent une nouvelle fois.
Je suis prête. La bouche entrouverte, je les attends ces doigts. Je
n’aime pas ni leur goût nie leur odeur. Je suis prête.
- … Suce.
Ses mains sont sur mes épaules, une légère pression suffit à me faire
comprendre.
Ma bouche se referme, mes yeux se baissent.
Cette fois, c’est mon tour. Enfin.
Son sexe est dressé, il me l’offre, le veut en moi.
Je me baisse, je le prends avec amour entre mes doigts, entre mes
lèvres.
Il n’a pas pris de douche, son odeur, la vraie, m’a enivrée pendant
qu’il s’occupait de toutes mes lèvres en une fois, mais il s’est
préparé à me voir. Il a rincé sa queue et, délicate attention, il a
lavé ses poils pubiens avec « L’Homme libre ».
Le mélange de ces deux odeurs, la sienne et celle, légère, du savon,
me font chavirer.
Alors que je suis encore au Paradis où m’ont portés ses doigts et sa
langue, je m’occupe de lui avec amour.
Il veut jouir dans ma bouche, j’ai envie de le recevoir.
Je l’entends gémir sans retenue. J’entends son souffle qui s’accélère.
Oui, il est déjà très loin. Le mélange langue et parfum de ma chatte
l’a amené aux portes de ce Paradis où je vais le faire entrer.
Ma langue s’active autour du gland gonflé. La première goutte, qui
attendait, est avalée avec délice.
Si lui aime mon goût, j’aime le sien.
Le prendre en bouche est un plaisir pour tous les deux.
Plus ma langue s’occupe de lui, plus mon plaisir monte.
Et il le sent.
- Nous y sommes presque.
Nous. Il a dit nous, pas je, oui, il me connait mieux qu’on pourrait
le penser. Ma langue suffit à le renseigner sur mon état d’excitation
et oui, j’y suis presque.
- J’arrive.
Moi aussi.
- J’y suis.
Moi aussi.
Et je me mets à trembler.
Jouir de donner du plaisir. C’est avec lui que j’ai découvert cette
façon d’avoir du plaisir. J’ai découvert tant de façons d’avoir du
plaisir avec lui…
Je jouis en silence pour ne pas lâcher sa queue. Et il est là.
Le premier jet est chaud et puissant. Il m’envoie un étage plus haut.
Je ne suis plus au 7ème ciel, je suis au-dessus.
Je voudrais le regarder pendant qu’il se laisse aller.
Mais je me retiens.
Je l’écoute.
Et ne me retiens pas.
Donner et recevoir.
Lui donner et le recevoir.
Quel bonheur de le vider jusqu’à la dernière goutte. De ne rien lui
laisser.
Tout à l’heure, il ne voulait pas que j’avale mon liquide, je n’avale
pas tout le sien.
J’en garde en bouche en me relevant. Je suis habillée mais je me sens
nue. Nue contre lui.
Je suis redressé, sa main descend vers mon sexe.
Non.
Je le recule.
Puis me ravise.
Je pousse mon sexe en avant, je le lui offre. Il sourit, il est
heureux.
Ses doigts sont dans ma fente. Avec douceur, ils montent et
descendent. Suffisant pour me maintenir où je suis.
Ma langue joue avec le peu de sperme que j’ai conservé. Avant
d’avaler, il a peut-être envie de m’embrasser.
Je pose ma tête sur son épaule, je profite de l’instant présent.
Avec douceur, ses doigts m’aident à descendre lentement, plus
lentement que s’ils ne me touchaient pas. Je me laisse faire.
Oui, je profite de l’instant présent.
Lui aussi.
- © Christian Brissa
- novembre 2014