(...)
Dans le métro qui les ramenaient chez eux, il y avait tant de
voyageurs que Charlotte pouvait sentir l'odeur de Thomas collé contre
elle. Fermant les yeux, elle sentit monter le désir en elle. Collant
sa main sur le pantalon de Thomas, elle lui exprima son envie. Le
premier moment d'étonnement passé, Thomas répondit à la caresse, et
c'est sans surprise qu'il sentit la fermeture Eclair descendre.
Personne ne les voyait, personne ne les regardait, dans cette masse
compacte, ils étaient seuls au monde. Tout leur était permis.
Charlotte masturbait Thomas, calmement, consciencieusement, prenant
autant de plaisir qu'elle en donnait.
Après quelques minutes, la voisine de Charlotte, sans doute heurtée
régulièrement par le va-et-vient du coude se retourna. Les yeux. Les
yeux de la jeune femme attirèrent immédiatement ceux de Charlotte qui,
pour la première fois, eut envie d'une femme. L'inconnue baissa son
regard, non pour fuir celui de Charlotte, mais pour savoir pourquoi
elle était cognée. Ce qu'elle vit la fit sourire. Retirant la main de
Charlotte, elle emprisona le sexe de Thomas dans la sienne le
caressant à son tour.
- « Il est bien dur » dit-elle à voix basse, « s'il
restait ainsi, je n'aurais pas à faire nettoyer mes vêtements ».
Et reprit sa place, le dos tourné vers Charlotte et Thomas.
Prenant le phallus d'une main, Charlotte fit un geste à Thomas qui,
sans hésiter obtempéra : à deux, ils soulevèrent la jupe de
l'inconnue qui ne broncha pas. Ecartant la ficelle du string,
Charlotte enfonça le dard de Thomas entre les fesses de la dame qui
eut, pour seule réaction, de se mettre sur la pointe des pieds, jambes
légèrement ouvertes, pour faciliter la pénétration. Le trio n'attirait
toujours pas l'attention des autres voyageurs, pourtant, si l'un d'eux
avait regardé Charlotte, il aurait vu sur son visage un masque de
plaisir. Collée à l'inconnue, Charlotte intima à son mari l'ordre de
ne pas bouger avant de plonger la main sous la jupe de sa voisine.
Sensations bizarres, inhabituelles que celles ressenties par
Charlotte. Lorsqu'elle se touche, le plaisir qu'elle ressent vient du
corps, non du doigt, ici, ses doigts son devenus zone erogène à haute
sensibilité : plus elle caresse, plus son propre plaisir monte.
- « Vas-y, laisse-toi aller» dit-elle à Thomas
Le rythme de l'inconnue qui balance le bassin d'avant en arrière aide
grandement Thomas qui n'a aucun problème à obéir. Le phallus fond, la
verge sort, sur ses doigts, Charlotte sent le liquide chaud qui
s'épand. Elle caresse l'inconnue de plus belle. En silence, ou, à tout
le moins, faisant le moins de bruits possible, les deux femmes
jouissent à l'unisson.
Puis, chaque chose reprend sa place.
Puis, chacun reprend sa place.
Enfin, chacun se remet à ignorer son voisin.
Jusqu'au moment de descendre. Thomas sort le premier, Charlotte le
suit, se ravise, se retourne, appelle l'inconnue :
- « Tu viens, nous sommes arrivés » lance-t-elle en
insistant sur le « nous ».
L'inconnue n'hésite pas une seconde, suit Charlotte, retrouve Thomas.
Les escaliers mécaniques avalent les voyageurs, les laissant seuls, à
trois sur le quai. Ils s'en vont, ensemble, comme s'ils se
connaissaient depuis des lustres. Charlotte tient l'inconnue par la
taille, son mari par la main.
- Comment t'appelles-tu ?
- Marie-Thérèse.
- Qui rit quand on la baise ; lache Thomas.
- Ce réflexe est stupide, elle va partir, c'est sûr ; pense
Charlotte qui s'arrête. Net.
Mais Marie-Thérèse ne lache pas la nuque de Charlotte. Elle continue à
prodiguer ses caresses, se plante devant Charlotte :
- « Oui, » dit-elle « c'est juste. »
Puis, après un rapide baiser sur les lèvres entrouvertes d'une
Charlotte toute tremblante.
- « Oui, faites-moi encore rire ! »
- © Christian Brissa
- octobre 2001